Je fonctionne beaucoup (trop) de façon intellectuelle plutôt qu'intuitive. Je me suis construit tout un système bizarre, un peu bancal, peut-être même complètement tordu, qui me permet de maintenir un équilibre relatif entre mes mauvais et mes (rares) bons côtés. Je me méfie de mes intuitions et de mes sentiments, parce que je sais qu'ils m'entraînent souvent sur la pente négative (auto-dévalorisation, isolement, angoisses et autres joyeusetés du genre). J'essaie de m'en défendre avec du rationnel, du concret, de l'objectif. Par exemple, si je réussis à faire tel truc qui me semblait très compliqué, c'est que je ne suis pas si nul que ça. Je peux me permettre de faire un truc dont j'ai envie si j'estime l'avoir mérité. Tout cela n'est évidemment pas calculé de façon précise, au contraire : avec l'habitude, ça devient naturel, et je n'ai plus à y réfléchir. Sauf quand je perds vraiment le fil : là, par contre, c'est indispensable de s'y raccrocher, comme on se rattrape aux branches quand on tombe de haut. Dans l'urgence on s'y agrippe avec les mains, avec les pieds, avec les ongles, avec les dents s'il le faut... avec l'énergie du désespoir (curieuse expression d'ailleurs : ne serait-il pas plus juste de dire "énergie du dernier espoir" ?)