Cela fait un peu plus d'un an maintenant. La date n'est pas très précise. Il y a d'abord eu des signes annonciateurs vers janvier 2005, quelque chose qui ne fonctionnait plus : angoisse diffuse, crises d'anxiété, le corps qui répond mal parfois. Et puis il y a eu quelques facteurs concrets : les difficultés professionnelles de plus en plus pressantes, une situation familiale malsaine (mon père hospitalisé en psychiatrie depuis longtemps, sa tentative de suicide). Jusqu'à l'été où j'ai perdu pied, sans doute ce qui m'est arrivé de mieux. J'ai fait moi aussi mon petit séjour en psychiatrie, et j'ai décidé que ce devait être le seul. Merci Papa, tu m'auras au moins montré ce qu'il ne faut pas faire. On m'a dit que je n'étais pas dépressif comme l'est mon père, j'ai pensé que ça pouvait bien être un mensonge mais j'ai décidé d'y croire. J'ai compris que j'avais traîné trop longtemps ces boulets accrochés à mes pieds, de plus en plus lourds, sans oser les regarder. Ce n'était pas le bon moment, c'était même le pire moment professionnellement parlant, mais c'était le moment. Alors j'ai changé. Il fallait détourner le lit de la rivière, cette vie qui coulait dans une mauvaise direction, pas vers moi. Il fallait tout casser ou presque, reprendre quasiment à zéro. Il y a eu une prise de conscience des plus douloureuses, en novembre dernier. On ne côtoie pas la mort sans en garder des traces. Je me suis raccroché aux branches, instinct de survie. J'ai reconstruit morceau par morceau, lentement, laborieusement, maladroitement. Ai-je passé le plus dur ? Suis-je plus proche de mon point de départ ou d'arrivée ? Nul ne peut le dire, c'est la vieille histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Ces temps-ci c'est la fin de quelque chose. Malheureusement je ne vois pas encore le début d'autre chose, mais ça viendra j'espère. En attendant je peux lâcher ici quelques morceaux de cette histoire, il y a presque déjà prescription...