Au fond, aucun n'a intérêt à commencer par dialoguer : en France, dialoguer d'abord c'est passer pour un faible. Non, on commence toujours par un bon vieux conflit de mâles (complexés, si vous voulez mon avis). On s'observe, on se lance des regards agressifs, on grogne, on montre les dents, on gueule... Vouloir se battre est interprété comme un signe de virilité, malheureusement (d'où le succès d'expressions telles que "en avoir une paire", "il a pas de couilles", etc.). Tant pis pour les petites gens qui n'en demandaient pas tant et qui payent les pots cassés, le gâchis économique et humain de ces combats inutiles. Pourtant, en simplifiant un peu, c'est pour eux, l'ensemble de ces "gens", que ça se bagarre : si on continue la métaphore, "la France", c'est la belle princesse pour laquelle se battent les guerriers. Dans ces conditions, comment veux-tu que les jeunes s'intéressent à la politique ? Pays de cons...

Franchement, moi j'ai l'impression de ne même pas savoir précisément de quoi il est question : on entend toujours les mêmes personnes, les mêmes mots. Bien sûr, on peut se contenter des visions simplistes proposées par les partisans des deux camps. C'est ce que font la majorité des médias, et (j'imagine) la plupart des gens qui ne se sentent pas concernés, et peut-être même ceux qui sont concernés d'ailleurs. Parce qu'aujourd'hui le règne de la communication impose la simplification : c'est bien ou c'est mal, on est pour ou on est contre. On utilise souvent le verbe "convaincre" à la place de "persuader" : en fait, de nos jours, personne ne cherche à convaincre, c'est-à-dire expliquer, proposer des arguments rationnels, discuter, etc. On cherche plutôt à persuader : prendre par les sentiments, exploiter les faiblesses, faire passer des émotions floues et irrationnelles. La persuasion est plus rentable à court terme. Voyez les sondages, devenus si importants : on ne vous demande jamais ce que vous comprenez du problème, mais seulement de quel côté vous vous placez. Jamais de question compliquée, seulement des questions fermées : oui, non, ne se prononce pas. C'est le seul résultat qu'attendent avec angoisse les belligérants : après chaque bataille, ce n'est plus combien de morts de chaque côté, mais combien de "pour" et de "contre" en plus ou en moins.

Vouloir persuader, c'est parier sur la bêtise des gens. Vouloir convaincre, c'est s'adresser à leur intelligence... mais c'est plus long, plus difficile et plus risqué. Finalement, je ne suis pas sûr que ce soit moi le plus cynique ?