Le combat ordinaire
Par Ermo le vendredi 13 juillet 2007, 23h36 - Attention fragile - Lien permanent
Ce matin je me suis réveillé en mauvais état. Je comprenais brutalement ce qui me tracassait de plus en plus depuis quelques jours, c'était assez violent. D'une certaine façon c'est rassurant de pouvoir attribuer une cause à l'inquiétude, mais c'est aussi douloureux de se prendre la réalité dans la tronche. J'ai eu du mal à commencer la journée. Je me suis dit que ce serait une journée modeste, que j'essaierai juste de faire mon boulot correctement, sans trop cogiter, sans faire de zèle, et si possible de voir des gens pour ne pas trop perdre les pédales. C'est ce que j'ai fait. Je m'étais dit que le but c'était d'arriver sans trop de casse à la fin de journée, et là j'aurais la soirée pour décompresser, pour m'écouter, pour laisser venir les émotions, pour "lâcher du lest". Je me doutais que j'aurais besoin de ce moment de solitude pour me retrouver, peut-être un moment un peu difficile mais nécessaire pour repartir "neuf".
Je ne croyais pas si bien dire.
Effectivement il y en avait, de la pression, à évacuer dans la cocotte-minute, ce soir. Une grosse vague, un raz-de-marée. C'est vite devenu une méchante angoisse, retour à mes vieux démons. Souvenirs morbides, avenir proche terrifiant, sentir de nouveau cette peur envahissante, ma vieille compagne. Besoin d'aide, téléphone, médoc. Je déteste ça, j'ai l'impression d'un échec quand j'en ai besoin. Du coup ça me rend encore plus malheureux. Pourtant je n'en abuse pas, j'ai plutôt tendance à essayer de m'en passer, même lorsque c'est difficilement supportable.
Réussir à me nourrir un peu. Trouver une petite activité "cocoonesque" de fin de soirée pour me détendre. Je choisis une BD. Je relis "Le combat ordinaire" de Manu Larcenet. Sans doute en (grande) partie autobiographique, il y raconte ses angoisses, sa difficulté à vivre pleinement sa vie. Mais de façon si simple, si sincère, si juste. Sans drame, même avec quelque distance, un petit voile d'ironie parfois. De façon si vivante et si belle, finalement. J'aime d'autant plus cette BD qu'elle m'a été offerte par des amis. Elle était cachée parmi d'autres cadeaux, pour que ça n'ait pas l'air trop "cadeau pour dépressif". Je ne sais même pas exactement qui parmi eux l'a choisie car c'était un cadeau commun. Je sais seulement qu'il y en a au moins un(e) parmi eux qui me connaît mieux que je ne l'imaginais.
Merci m'sieur Larcenet de réaliser d'aussi belles choses. Et merci à mes amis de me rappeler que je ne suis pas aussi seul que je le crains trop souvent.