Déjà, interpréter des rêves, je trouve ça un peu louche, ça ne m'inspire pas confiance. Le faire alors qu'on n'est pas un professionnel ça me semble carrément con, même éventuellement dangereux si on croit sérieusement aux conclusions qu'on en tire. Alors le faire pour soi-même, je vous dit pas combien je trouve ça stupide : d'une part parce qu'on peut très bien transformer inconsciemment son souvenir de rêve pour qu'il colle à l'interprétation qu'on veut en faire, et d'autre part parce qu'une interprétation de ce genre est par définition subjective, donc il y a conflit d'intérêt si le sujet et l'objet ne font qu'un. Tout ça pour dire que je n'accorde pas une grande importance à mes divagations ci-après. (Ah oui : et j'assume le "stupide" évidemment...)

D'abord dans cette histoire je suis visiblement responsable de mon père, ce qui est parfois (souvent ?) vrai, et très chiant, dans la vraie vie. Et puis surtout, il y a malgré la volonté de l'aider (puisque je m'en sens obligé) cet emmêlage de pinceaux involontaire (inconscient), inévitable, imparable et finalement fatal (pour bibi) : pas difficile d'associer ces actions contradictoires et simultanées (accélérer et freiner), ainsi que l'impuissance qui en découle, à mon incapacité à trouver une attitude "satisfaisante" vis-à-vis de mon père.

  • L'accepter comme il est, donc l'aider autant que possible en tant que personne "malade" (malade de dépression chronique) ? C'est-à-dire être encore responsable de lui, porter toujours ce poids, alors que j'estime qu'il m'a fait du mal en refusant ses responsabilités vis-à-vis de moi, en m'abandonnant trop souvent à moi-même, et en m'obligeant parfois à assumer un rôle qui aurait dû être le sien ? Je ne sais pas, ça me semble difficile et ça ne me tente pas trop.
  • Autre option : laisser tomber, l'abandonner à son sort et à ses problèmes qu'il refuse d'essayer de résoudre, en partant du principe que je ne lui dois rien ? Ne pas écouter mes scrupules, couper les ponts avec la famille paternelle, interdire à ma mère et mes soeurs de me parler de lui ? Bien sûr que non, je ne peux pas faire ça, mes remords seraient bien trop insupportables.
  • Ou encore tenter la grosse colère libératrice, lui balancer tout ce que j'ai sur le coeur, le faire réagir enfin ? Je vois bien comment il réagit à ce genre d'attaque : "oui, je plaide couplable, c'est ma faute, tout est ma faute, je fais tout de travers, je ne mérite pas de vivre..." (ses mots à lui seraient peut-être différents, mais l'idée y est). Comme enfoncer une porte ouverte, ne rencontrer aucune résistance là où on attend au contraire un minimum de combativité. Comme gronder un enfant qui pleure avant même qu'on lui ai dit quelque chose, avoir cette impression désagréable d'être le méchant sans pitié... ou au contraire se laisser apitoyer. Bof.

En fait, actuellement je suis régulièrement plutôt proche de la première possibilité. Mais avec d'assez longues périodes de fuite, genre seconde possibilité. Et il m'est arrivé parfois de tenter d'amorcer un début de colère vouée à l'échec, aussi.

Autrement dit je tourne en rond...