Dimanche moche (2)
Par Ermo le lundi 14 mai 2007, 22h48 - Expériences - Lien permanent
Je rentre à Paris après avoir passé le week-end dans ma ville natale. Le ciel est gris, il pleut souvent. J'ai vu mes soeurs, ma mère, mes amis. Avec mes soeurs on se dit bonjour, comment ça va, on se donne les dernières nouvelles et puis on se dit au revoir. Avec ma mère on parle plus, mais je ne suis pas sûr que ce soit meilleur pour moi. Avec mes amis en général je suis bien, même si je me demande souvent pourquoi ils semblent m'apprécier. On discute, on boit pas mal, on rit un peu. Tout ça semble tellement dérisoire. Je me demande pourquoi ça me laisse cet arrière-goût mélancolo déplaisant. Une sorte de nostalgie pour quelque chose que je n'aurais jamais connu.
Hier soir (samedi) je n'étais pas en forme, je ne voulais pas sortir. En fait j'étais assez angoissé. Comme ça, sans raison particulière. J'ai finalement accepté parce que c'est elle qui me l'a demandé, et j'aime bien la voir. On s'est retrouvés dans un bar surpeuplé, tout le monde tassé, les gens hurlaient pour se faire entendre malgré la musique trop forte. Y en a qui aiment, moi pas trop. J'étais pas bien, j'en avais marre, je me disais que j'allais rentrer assez vite. Nous sommes sortis avec nos verres, c'était un peu plus supportable. Je ne sais pas si c'était un effet de mon propre cafard, mais j'avais l'impression que chacun d'entre nous était las, sans entrain. Bien sûr on perpétue le rituel, on s'amuse des mêmes vieilles blagues, on rejoue les conversations enflammées. Je remarque qu'elle semble s'emmerder, elle ne dit rien, elle se consacre à sa manie de ronger les petits bouts de peau autour de ses ongles.
De mon côté, je sens passer les différentes phases que je retrouve souvent dans mes crises d'angoisse, mais atténuées par les effets de l'alcool. A moins que ce ne soit leur présence, c'est possible aussi. D'abord une petite pointe de masochisme (socialement acceptable) : à un moment où la conversation s'éteignait, quelqu'un propose "on pourrait dire du mal de quelqu'un ?", proposition immédiatement acceptée. "De qui ?" s'interroge-t-on, je propose "de moi", mais on me dit non. J'insiste, ils réfléchissent mais n'osent pas trop (juste une critique de mes cheveux, petits joueurs !).
Ensuite la phase violente (toujours version socialement acceptable), j'étais beaucoup plus agressif que d'habitude (seulement verbalement, je reste un type trop sage). J'ai titillé un des mecs, au chômage depuis longtemps, en lui demandant des détails sur ses recherches de boulot. Et puis je me suis amusé à en effrayer un autre avec de la psychologie de bazar, à partir d'une théorie fumeuse sur le besoin humain de dépendance. Au passage, un autre a fait les frais d'une illustrations un peu cruelle de cette théorie. Ces types devraient me détester, mais je crois que s'ils s'en souviennent ils mettront ça sur le compte de l'alcool. Puis elle a dit qu'elle rentrait, et on s'est tous barrés.
En fait je l'aime bien cette fille.
Pff, autant en emporte le vent...