Hier soir j'avais décidé de mettre un sweat que j'ai acheté récemment. Je serais pas foutu de le décrire correctement, mais ce n'est pas le genre de fringue que je mets habituellement : un peu jeune, presqu'à la mode (enfin c'est pour situer hein, c'est juste un sweat). Je me suis dit ouais, c'est bien, c'est ce que je veux. En général je me pose pas de question et je m'habille en invisible (sauf que c'est de l'invisible assez usé). Je sais pas pourquoi, j'étais bien là-dedans, cette nouvelle peau me plaisait, me donnait presque confiance en moi. Pour autant que je me souvienne, ce genre de sensation ne m'était jamais arrivé. Bon c'est relatif hein, ça reste un détail vestimentaire. Comme je l'imaginais, ça s'est un peu vu : j'ai pris les remarques pour positives, je crois que c'est ce qu'elles étaient. Tout allait bien, ou à peu près.

Et puis l'angoisse est revenue brutalement. Sais pas pourquoi, comment. Ce qu'on appelle pudiquement une "crise d'angoisse", j'aime pas cette expression mais c'est le moyen le plus simple d'en parler. Je n'en avais pas eu d'aussi violente depuis des semaines. Oh j'en ai connu de bien pires, celle-ci était presque raisonnable. Comme d'habitude, et pourtant jamais je ne m'y habitue : tout devient moche autour de moi, plus goût à rien, incapable de me concentrer. Et peur. J'ai pleuré, encore. Oui, j'avoue, ça m'arrive. Je ne suis plus à ça près.

Je sais que ça n'a rien à voir avec le sweat. Pourtant je voulais l'enlever, je me sentais comme un usurpateur dedans. Comme si même ce bête bout de tissu je ne le méritais pas. Tout ce que je crois ne pas mériter parfois, c'est dingue. Je sais à peu près d'où ça vient, ce qui se passe. J'ai besoin de cette explication pour passer à autre chose, et je crois l'avoir. Je dois continuer à avancer, comme en équilibre sur un fil : si je m'arrête je tombe. Or j'ai trop ralenti ces derniers temps. Je n'ai pas voulu/réussi à m'accorder assez de confiance, alors j'en ai perdu. Etrange problème : pour gagner de la confiance il faut avancer, mais pour avancer il faut de la confiance. J'appelle ça de la confiance aujourd'hui, je ne suis pas sûr que ce soit exactement ça, mais c'est quelque chose qui y ressemble. Je sais pas vraiment ce que c'est, je sais juste qu'il m'en manque encore pas mal.

En tout cas j'ai quand-même gardé mon sweat, il fait pas si chaud que ça.