J'ai fait semblant, pour ma famille, pour ma mère.

En vrai j'avais peur, je crevais de trouille, mais j'étais obligé de faire comme si j'étais courageux. Peut-être parce que je sentais combien ma mère était seule, je sentais qu'elle en avait besoin ?

Est-ce que le courage ça marche comme ça ? Est-ce qu'il suffit de "faire comme si" pour que ça vienne ? Pas tout à fait. J'ai triché et je le sais. Je suis sans doute le seul à le savoir, et alors ? Je sais que j'ai triché. Qui peut dire si je n'ai pas pris la place d'un autre ? Ai-je vraiment mérité de guérir, de survivre ? Questions sans réponse, questions mal posées, questions qu'il vaudrait mieux ne pas se poser. Et pourtant.

Dans mon petit monde intérieur, il m'arrive encore parfois de m'imaginer comme une sorte de guerrier, prêt à affronter les pires épreuves. L'image un peu romantique, onirique, qui me vient à l'esprit est presque toujours celle du vaillant héros, au moment où il sort l'épée de son fourreau. Symbole de la volonté de se battre, symbole de bravoure peut-être. Le guerrier en question n'a rien d'un puissant chevalier solidement armé. Au contraire, il n'est pas fort, il n'a pas d'armure, il semble vulnérable. Plutôt un genre de David (celui du combat contre Goliath). Il n'apporte que son courage face à un danger qui le dépasse et dont il ignore tout. Et pourtant il sort son épée. Tremble-t-il ? Est-ce un acte de témérité, une bravade envers la mort qui guette ? Peut-on connaître simultanément la peur et le courage ?

Je ne vois jamais rien d'autre que cette image. Comme si le combat en lui-même n'avait pas d'importance. Même l'issue du combat, une victoire évidemment, ne m'intéresse pas. A la fin il ne reste que quelques ruines, des blessures, des cicatrices. Et sans doute bientôt une nouvelle épreuve.

J'ai un problème avec ce que j'appelle "mon côté romantique". Déjà, ça fait pas très viril. C'est assez puéril, également. Et puis surtout, ça ne colle pas du tout avec le cynisme, que j'affectionne nettement plus.

Mais il y a pire : même en admettant cette espèce de combat de contes de fées romantico-prétentieux, il y manque définitivement un truc. Putain de merde, mais où est donc passée la princesse à la fin ?!?