Ma vie à moi, épisode 1
Par Ermo le vendredi 28 juillet 2006, 19h26 - Ma vie, mon oeuvre - Lien permanent
Je naquis par un beau jour d'un certain mois d'une année particulière. Disons pour être précis que c'était en été. Déjà, vous mesurez combien je mets en jeu mon anonymat en dévoilant d'aussi confidentielles informations. Mais dès le départ je fis preuve d'un caractère asocial et malsain, en montrant mon cul au lieu de présenter ma tête (comme le font tous les bébés honnêtes). Il fallut donc faire subir à ma pauvre maman une césarienne pour extraire le petit récalcitrant, qui inaugurait là une longue carrière d'emmerdeur professionnel (carrière que j'espère encore longue et fructueuse).
Plus tard, j'appris à camoufler sournoisement mes tendances rebelles, afin de mieux tromper mon monde le moment venu. C'est ainsi que, par exemple et contrairement à toute attente, je me montrais plutôt pas mauvais à l'école. Il s'agissait vraisemblablement d'une savante stratégie destinée à m'infiltrer incognito parmi les gens normaux, et même les gens instruits en l'occurrence. Je me souviens toutefois de n'avoir pas résisté à l'envie d'humilier l'un de mes braves enseignants. C'était en CM2, nous étions quelques uns à avoir la bonne réponse au problème de mathématique posé, mais cet étourdi prétendait que nous avions tort. Alors que mes congénères admirent avec obséquiosité la solution qu'il nous proposait, je lui tins tête malgré les rires plus ou moins étouffés de mes petits camarades moutonnesques. Au point que l'enseignant en question estima nécessaire de me démontrer mon erreur de façon ferme et définitive, en vérifiant concrètement la chose. Il s'avéra que j'avais raison. C'était un brave instituteur communiste qui fumait le cigare, mais ça n'a rien à voir avec l'histoire, c'est juste pour l'anecdote. Toujours est-il que je fis preuve de plus de prudence par la suite, en feignassant gentiment en cours, de manière à endormir la méfiance pavlovienne de la bonne société envers tout élément marginal.
Par la suite, ma stratégie était devenue tellement subtile que je ne me souvenais plus de son objectif. C'était pas grave, je crois qu'il n'y avait jamais eu d'objectif, de toute façon. C'est pourquoi (non, ne cherchez pas de lien logique, c'est une ruse) je m'offris une période punk. Pas punk-punk, mais un peu punk sur les bords quand-même. Il faut dire que j'avais déjà à cet âge toute une bonne partie de la culture dangeureusement gauchiste voire anarchiste, notamment à travers mon idole, Johnny Halliday. Ah ah ah, je vous ai bien eu. Non, en vrai j'écoutais plutôt les Clash, les Pixies, Nirvana, la Mano, Renaud (l'anar) et bien pire, tout un tas de mauvais exemples pour la jeunesse, ah la la où va-t-on ma brave dame. Les gens me regardaient comme si j'étais cinglé (à juste titre mais pour de mauvaises raisons), quelques uns semblaient avoir envie de me tuer, mais j'ai aussi eu droit à deux ou trois sourires de ci de là, j'étais bien content. Mais bon, c'était carrément chiant à coiffer, j'ai arrêté et je me suis remis à l'infiltration sournoise, à l'aide de mon déguisement en type normal.
Pendant ce temps, un infâme complot se tramait en douce, quelque part en un lieu tenu secret. Ne cherchez pas, cette dernière phrase n'au aucun sens, c'était juste histoire de bricoler un suspense.
Commentaires
Savoureux ce texte, j'attends impatiemment la suite.
merci, mais je sais pas si j'en trouverai une !